
Influences philosophiques et héritage culturel
"Connais-toi toi-même et tu connaîtras l'univers et les dieux." Socrate reprenait à son compte cette inscription placée sur le fronton du temple de la pythie de Delphes. Démarche vers la liberté et la sagesse qui fut souvent transformée par la suite en systèmes de pensée. Il semble qu'à l'origine, cette inscription avait un sens religieux signifiant que l'homme n'était pas l'égal des dieux. Socrate, le premier, donne à cette phrase un sens philosophique. Platon qui rapporte ces propos, précise également que l'être humain doit prendre soin de son âme et chercher en lui, se connaître, avant de chercher à connaître ce qui lui est extérieur. Les Anciens savaient que le "souci de soi" était la base d'une vie bonne, le sens philosophique de leur vie. Michel Foucault reprendra dans un sens identique, à sa manière et en modernité, ces principes éthiques.[1] Dans l'allégorie de la caverne, Platon montre comment les hommes sont pris au piège du monde de l'illusion et de l'opinion. Un travail sur soi est donc nécessaire pour connaître les lois du beau, du bon et du juste, pour atteindre la lumière et quitter la masse ignorante restée dans l'obscurité ; véritable chemin d'initiation pour atteindre la sagesse.
Mais ce qui reste, comme empreinte culturelle inconsciente pour le plus grand nombre et notamment depuis la période des Lumières plus rationaliste, est moins cette image indiquant la nécessité de l'éveil de connaissance et de conscience, que la référence au savoir supérieur qui viendrait d'en haut éclairer l'ensemble. Ce qui se traduit au sein de la cité par le pouvoir central d'un despote éclairé (le philosophe-roi) et l'organisation d'un "État fort". : "aux uns, il convient par nature de se mêler de philosophie et de gouverner dans la cité ; aux autres, de ne pas se mêler de philosophie, et d’obéir au chef."[2] C'est cela que nous avons compris et intégré depuis des siècles, dans notre façon de voir l'État : pouvoir central et autorité "par nature".[3]
Notre organisation politique et démocratique en Occident, perpétue cette conception non éloignée des influences religieuses : l'autorité de l'Eglise et de ses représentants ; ceux qui savent et les ignorants - oubliant les principes mêmes du Christ, les apôtres étaient de simples pécheurs, non érudits - C'est ainsi que sont reconduits ces effets d'autorité et de hiérarchie depuis des siècles (dont entre autres Louis XIV, Napoléon, les républiques successives malgré les révolutions dont nous, Français, sommes à l'origine, etc.). Malgré les récriminations fréquentes, subsiste encore ce besoin d'être rassurés et protégés par un pouvoir puissant nous mettant à l'abri des dangers tant extérieurs qu'intérieurs, des rivalités, des jalousies et désir de conquêtes des voisins, y compris les plus proches. Façon aussi de se dédouaner de sa propre responsabilité.
Se défaire de cette attitude est une gageure, tellement ancrée dans notre éducation millénaire et perpétuée au sein de l'école et de l'Éducation Nationale telle qu'elle fonctionne encore aujourd'hui !
Aristote, au contraire, attribue à chacun la même faculté à raisonner, qu'il soit riche ou pauvre, et l'addition des rationalités constituerait une sorte de "super-rationalité" en capacité de gouverner. Il invente en quelque sorte la base du système démocratique, ajoutant que s'il y a égalité dans l'exercice de la raison, l'égalité des droits politiques en devient une conséquence.
L'un comme l'autre cependant, ne sont pas dupes de toutes les dérives possibles.
"C'est pourquoi pour les magistratures politiques aussi, quand la constitution est fondée sur l'égalité et sur la similitude des citoyens, ceux-ci trouvent juste de les exercer à tour de rôle ; en des temps plus anciens, comme il est naturel, ils trouvaient juste que chacun prenne à sa charge à son tour les fonctions publiques, et qu'un autre veille en retour sur son bien, tout comme il avait veillé aux intérêts de cet autre quand celui-ci était magistrat. Aujourd'hui, par contre, du fait des avantages que l'on retire des biens publics et du pouvoir, les gens veulent gouverner continuellement, comme si, cela était un gage de santé pour ceux qui gouvernent, si maladifs soient-ils. C'est peut-être pour cela qui fait qu'on a cessé de se ruer sur les magistratures.
Il est donc manifeste que toutes les constitutions qui visent l'avantage commun, se trouvent être des formes droites selon le juste au sens absolu, celles au contraire, qui ne visent que le seul intérêt des gouvernants sont défectueuses, c'est-à-dire qu'elles sont des déviations des constitutions droites."[4]
Autre point de désaccord entre Platon et Aristote, le fondement de l'unification de la cité.
Pour Socrate, la communauté est basée sur la philia, l'amitié, et sur les intérêts communs jusqu'à tout partager. Dans la cité idéale, les intérêts de chaque membre ne se contentent plus de coïncider avec ceux de chaque autre, les intérêts des uns et des autres sont parfaitement identiques puisque seul le commun est véritablement propre. Comme dans une famille, chacun va préserver ses intérêts autant que les intérêts de l'autre car cela concerne les biens de l'ensemble, ce qui est commun. Ceci étant possible par l'amitié et le respect réciproque.
"Y a-t-il pour la Cité un plus grand mal que celui qui la divise et d'une seule en fait plusieurs, et un plus grand bien que celui qui l'unit et la rend une ?"[5]
Mais comme l'exprimera Aristote, la Cité devenue comme Un n'a plus rien à mettre en commun. Pour répondre à cette thèse, il utilise la métaphore musicale : "Il faut en effet que d'une certaine façon la famille et la Cité soient unes, mais pas totalement. Car il y a, dans la marche vers l'unité, un point passé lequel il n'y aura plus de Cité […] comme si quelqu'un voulait faire d'une symphonie une homophonie, ou un rythme avec un seul pied."[6]
Hegel reprendra à son compte cette position aristotélicienne ; "Le simple, la répétition d'un seul son n'est pas une harmonie. A l'harmonie appartient la différence. Il faut essentiellement, absolument qu'il y ait une différence."[7]
L'entité de la cité repose de fait, sur la diversité.
Le refus de la notion de pluralité laisse supposer que nous sommes tous identiques et renvoie à la notion de communauté, communauté citoyenne diront certains, d'autres parleront de communauté familiale, communauté professionnelle, communauté ethnique, etc. ; ceci peut entraîner une dérive grave celle du communautarisme qui se manifeste dans ses extrêmes sous deux formes :
- le repli sur sa communauté avec la revendication de sa spécificité au détriment des autres groupes, parfois la volonté d'élimination des autres (racisme de tout style).
ou
- l'illusion communautaire, "le grand peuple" du communisme avec aussi les dérives que nous connaissons
C'est une question importante et toujours d'actualité ; elle prend une autre acuité avec l'Europe et l'institution d'organismes mondiaux. C'est, me semble-t-il, l'enjeu de notre temps.
Saurons-nous trouver un mode de fonctionnement, humain, social, institutionnel et législatif, en tenant compte à la fois de l'égalité citoyenne, tous égaux devant la loi, les droits et les devoirs du citoyen français, européen ou mondial tout en acceptant de reconnaître les différences et les spécificités historiques, géographiques, culturelles, familiales, religieuses, ethniques, etc. ?
Je considère également que le travail social et socio-éducatif (comme les actions de santé) ne peut s'exercer que sur cette base. Les professionnels de ces secteurs sont confrontés quotidiennement à cette question de pluralité, le nier c'est nier la fonction première de ces métiers : permettre à la personne ou au groupe d'être lui, avec sa spécificité mais dans une société familiale, locale ou nationale où il vit ; la confrontation des groupes dans les quartiers repose bien, entre autres, sur cette question et tant que l'on voudra des êtres identiques normés, continueront à se poser les questions d'équilibre de notre société.[8]
Ainsi, pour moi, le défi de la démocratie et de la République est bien celui-là :
Le principe d'unité dans la pluralité.
"Ce sont des hommes et non pas l'homme, qui vivent sur terre et habitent le monde. Si tous les aspects de la condition humaine ont de quelque façon rapport à la politique, cette pluralité est spécifiquement la condition – non seulement sine qua non, mais encore la conditio per quam - de toute vie politique."[9]
En France, ce débat est particulièrement important ; la question du centralisme français résulte de ce choix de nier un certain nombre de différences, sous prétexte d'égalité. Mais l'égalité des droits n'est pas imposer l'égalité des conditions qui plus est, en annihilant les libertés.[10] D'autres pays européens ont fait d'autres choix sans pour autant perdre l'unité nationale. C'est aussi pour cela que je souhaite une vraie décentralisation. Mais je sais que beaucoup ne le souhaitent pas.
Platon proposait l'organisation et l'unité de la cité basées sur le maximum mis en commun. Aristote, à l'opposé, préconisait un État "faible" mais solide, reposant sur le minimum commun mais essentiel que sont les valeurs et non l'avoir. En effet, les véritables fondements d'un groupe, quel qu'il soit, reposent sur les valeurs et les finalités partagées et non sur les moyens et les possessions. "La souveraineté d’un groupe d’hommes liés et tenus non pas par une volonté identique qui les inspireraient toujours de façon magique, mais par un dessein concerté, unique raison d’être et seul lien des promesses, se manifeste très clairement dans sa supériorité incontestée sur les gens entièrement libres, que ne lie aucune promesse, que n’attache aucun dessein. Cette supériorité vient de la capacité de disposer de l’avenir comme s’il s’agissait du présent : c’est l’agrandissement formidable, réellement miraculeux de la dimension même dans laquelle il peut y avoir puissance efficace."[11] Cela signifie que, malgré les différents points de vue qui rentrent parfois, ou souvent, en conflit au sujet des moyens à prendre pour l'évolution de la cité, cela ne produit pas la destruction de l'accord passé ensemble d'être une nation, ni le sentiment d'appartenance à un espace symbolique commun. Reste alors simplement mais nécessairement, à discuter des différentes solutions possibles et de leurs effets et de trouver par la dialectique, pris au sens de l'accouchement et le partage des idées, le compromis acceptable par tous.
La position de Platon - ceux qui savent gouvernent, les autres obéissent, distinction entre ceux qui pensent et décident et ceux qui agissent - s'est transmise au cours des siècles jusqu'à nous maintenant, relayée par les visions des républiques qui se sont succédées. Cela reflète une autre théorie en arrière-plan : les êtres humains ne sont pas égaux en intelligence ; supposition et affirmation de fait, le peuple est inculte, les gouvernants intelligents puisqu'ils ont réussi ! Affirmation que beaucoup rejette et qui fait pourtant partie de leur agissement dans les banales actions du quotidien ! C'est sur ce concept que s'est construit, entre autres, l'enseignement en France au sein de l'Éducation Nationale. Les essais d'écoles nouvelles avec une pédagogie dynamique considérant l'enfant en capacité d'observer et de comprendre par lui-même, sont très limitées et très surveillées, vite accusées de dérive sectaire ou d'incapacité à prodiguer un enseignement valable alors que les résultats aux examens prouvent le contraire.
C'est aussi sur cette base conceptuelle que nombre d'abus et de conquêtes ont été perpétrés au fil du temps, envers les peuples considérés inférieurs. La volonté d'imposer la démocratie à la mode occidentale partout relève également de cette pensée. L'Occident sait, les autres non.
Autre influence notable dans notre société, la logique cartésienne. Descartes "je pense donc je suis", affirmation du "je", de son identité mais aussi de la logique rationnelle. J'existe parce que je pense et que je peux me penser. Descartes est souvent considéré comme le père de la philosophie moderne dans la mesure où il la sépare de l'empreinte théologique. Également, il ouvre une voie nouvelle avec la logique déductive. Séparant la philosophie de la religion, il sépare nettement la raison d'une part et d'autre part le spirituel et l'intuition. Il demeure ainsi dans le courant platonicien avec la pensée dualiste, distinguant l'âme et le corps, conservant le primat des idées sur la matière et la dichotomie entre l'intelligible et le sensible. Ce monde sensible qui n'est qu'illusion et de l'ordre du temporaire.
Fondateur du rationalisme et de la philosophie moderne, il marque un tournant dans notre histoire de la pensée qui, accouplée à l'évolution des sciences physiques, va laisser une trace indélébile dans la société. Notre culture a été marquée par le Discours de la Méthode oubliant peut-être d'autres analyses.
"et qu'au lieu de cette philosophie spéculative qu'on enseigne dans les écoles, on en peut trouver une pratique, par laquelle, connoissant la force et les actions du feu, de l'eau, de l'air, des astres, des cieux, et de tous les autres corps qui nous environnent, aussi distinctement que nous connoissons les divers métiers de nos artisans, nous les pourrions employer en même façon à tous les usages auxquels ils sont propres, et ainsi nous rendre comme maîtres et possesseurs de la nature. Ce qui n'est pas seulement à désirer pour l'invention d'une infinité d'artifices, qui feroient qu'on jouiroit sans aucune peine des fruits de la terre et de toutes les commodités qui s'y trouvent, mais principalement aussi pour la conservation de la santé, laquelle est sans doute le premier bien et le fondement de tous les autres biens de cette vie ; car même l'esprit dépend si fort du tempérament et de la disposition des organes du corps, que, s'il est possible de trouver quelque moyen qui rende communément les hommes plus sages et plus habiles qu'ils n'ont été jusques ici, je crois que c'est dans la médecine qu'on doit le chercher. »[12]
Cette pensée analytique et déductive fut très importante mais, analysant chaque partie d'un tout et de façon purement logique, elle s'éloigne du caractère holistique de toute chose et rend l'esprit dépendant de la matière.[13]
Notre société actuelle reste profondément marquée par ces empreintes cartésiennes et Descartes peut être associé à ce que l'on nomme l'esprit national français, voire les Français revendique cette postérité !
Pourtant, comme le signale J. Rancière : « Nous retournons sa pensée et nous disons : "je suis homme, donc je pense". Le retournement inclut le sujet homme dans l'égalité du cogito. La pensée n'est pas un attribut de la substance pensante, elle est un attribut de l'humanité. »[14]
Je me souviens d'avoir été brutalement confrontée à cette réalité, au point d'en perdre mes moyens.
J'étais alors consultante au CIRESE, cabinet conseil dans le domaine de l'action sociale, et j'avais été missionnée auprès de la Mutualité Sociale Agricole (MSA) de l'Aveyron pour enseigner aux assistantes sociales de cet organisme, les modalités pour établir un diagnostic social du territoire. J'y ai pris plaisir ; le groupe de professionnelles était dynamique, intéressé voir enthousiasmé par ce travail et très productif. Arrive le temps des conclusions ; celles-ci étaient claires après toutes ces observations, recherches et analyses précises et complètes qu'elles avaient fournies. Chacune satisfaite de ce résultat. Puis, s'en suivait la phase ultime qui est la phase de préconisations, c'est-à-dire tirer les leçons de ces constats et les mettre en perspective vers du changement, l'amélioration de l'existant. Et là, silence … Impossible de penser, d'imaginer ce qui serait bon de modifier … Les résultats étaient pourtant évidents et montraient les pistes à suivre, mais rien, que le silence pesant du groupe … J'essaie de les aider à ouvrir leur intelligence autrement, de faire le pas vers de l'inconnu … impossible. J'avais l'impression que leurs pieds étaient embourbés dans la terre et ne pouvaient plus s'en détacher. Certes, s'exerçait aussi inconsciemment l'auto-censure, la pression indirecte d'un homme politique très important à cette époque au niveau départemental, lui-même grand propriétaire terrien et en lien avec les instances agricoles. Mais, tout à coup le déclic, je pense à Descartes, je perçois que le blocage venait également de cette pensée déductive très productive pour les étapes précédentes mais inadéquates à cette nouvelle phase. Non seulement, il fallait imaginer mais aussi laisser l'intuition venir qui, seule, permettait l'ouverture de la porte des perspectives. Et là, la gaffe énorme de ma carrière ! Je me suis permise de critiquer Descartes (même si j'étais peu savante à ce sujet) : "Quittez la pensée cartésienne. Descartes est un grand homme et nous a beaucoup appris mais là, à ce stade, il ne nous sert plus, au contraire il nous freine. Laissez votre imagination et votre intuition vous guider. Vous avez toutes les données pour faire le pas ; vous avez construit vous-mêmes les conclusions, allez jusqu'au bout de la démarche, laissez-vous aller !" Blocage complet. Le silence tenace demeure ! … Comment je me suis sortie de cette impasse ? Je ne sais plus et difficile à dire ; pour ne pas perdre pied complètement, j'ai sans doute joué pendant un temps à l'équilibriste sur un fil mais sans trop d'expérience et sans filet. Il fallait que je sorte moi aussi de la paralysie qui me gagnait au niveau intellectuel et émotionnel pour quitter ensemble et au mieux cet enlisement ! Finalement je leur ai donné moi-même les solutions possibles. Le plus embêtant était que la chef de service participant à cette démarche et avec qui j'avais bien sympathisée, était une fan immodérée de Descartes. Catastrophe ! Elle n'a plus voulu de moi pour continuer le travail, une collègue m'a remplacée pour la suite l'année suivante. Le directeur du cabinet me questionnait, il ne comprenait pas, il savait la qualité du travail effectué et les résultats obtenus, alors pourquoi ? Je n'ai jamais osé lui dire que c'était à cause de ma critique de Descartes, "c'est la faute à Descartes" !
"La logique mène à tout, à condition d'en sortir." disait Alphonse Allais
À l'époque, je n'étais pas encore très sûre de moi dans ce nouveau métier et j'avais aussi à continuer mon chemin ; accepter puis relier de façon plus précise ces deux parties de soi, le rationnel et l'intuitif. C'était spontané et naturel chez moi ; le transmettre est autre chose et suppose une prise de conscience affinée et la compréhension du fonctionnement de l'un et de l'autre : la complémentarité du cerveau droit et du cerveau gauche qui reflète la complémentarité du masculin et du féminin. C'est aussi une forme de lâcher-prise. Quitter la pensée rationnelle et se laisser prendre par ce qui apparaît, laisser les images traverser nos perceptions et s'organiser presque à notre insu, dans un nouveau paysage jusque-là insoupçonné et découvrir d'autres chemins. Cela me fait penser à l'effort, l'attention et la rigueur nécessaires pour escalader une montagne et, arrivé au sommet, on oublie tout, une perspective incroyable, fascinante se dégage. Il ne reste qu'à goûter et saisir la profondeur de toutes ces lignes qui se croisent et font les monts et les vallées, le jeu de lumières et d'ombres et les décrire, en dehors de toute rationalité et en pleine sensibilité… J'ai remarqué quasiment dans tous les groupes avec lesquels j'ai travaillé, cette difficulté à quitter le réel concret et passer au mode imaginaire ce qui signifie savoir rêver, oser rêver. Au fil du temps nous l'avons désappris !
Je suis moi-même dans un fonctionnement logique, rationnel et mental, conforté par ma formation d'assistante sociale. Comme les médecins et les professions de sciences sociales, la base et première étape indispensable est l'observation, puis vient l'analyse, le diagnostic et en découle le pronostic qui permet ensuite d'élaborer les moyens et les stratégies possibles pour améliorer ce qui est à venir, mécanique intellectuelle bien rôdée.
Mais le plus souvent pour moi, s'immisce l'intuition, cette information qui se présente spontanément, indépendamment de la volonté, parfois informations plurielles. L'intuition est le résultat inconscient d'un travail d'analyse de tous les acquis engrangés durant la vie, (les vies) et qui surgit à la conscience concernant le sujet traité. Parfois vient également l'inspiration.
L'intelligence sensible ou intelligence du cœur complète l'analyse, surtout si l'on s'entraîne à cette pratique. En présence réelle avec ce qui est, je peux éprouver des perceptions énergétiques et des sensations face à la situation ou à la personne dont, entre autres, l'état émotionnel et vibratoire. Autant d'éléments dits subjectifs qui complètent de manière importante la connaissance et l'analyse de la situation. La logique déductive, factuelle ne suffit pas pour appréhender l'ensemble de ce qui est présent ; nous ne sommes pas qu'un mental et un cerveau, notre être contient d'infinies ressources qui attendent d'être explorées.
Sur ces héritages fondateurs de notre culture, d'autres philosophes et penseurs ont suivi et marqué également notre société de façon directe ou indirecte. Ainsi pour chacun d'entre nous, selon sa propre histoire (les lectures, les formations, les rencontres, les évènements), vont se greffer d'autres influences agissantes dans la manière de penser et d'être au monde, en relation aux autres, à la société, aux institutions, à l'Etat, à notre environnement. J'ai moi-même élargi considérablement ma vision et ma perception du monde au fil du temps mais sans perdre la base humaniste qui m'habite depuis toujours.
De même, l'ensemble de la société est traversé par d'autres courants de pensée qui, parfois, s'entrechoquent les uns ou autres : l'homme est-il bon par nature ? Où sont les limites de la liberté ? Y a-t-il notion de race, de classe ? etc. Questions philosophiques toujours d'actualité car intrinsèque de la nature humaine ; la vie, la vérité ne sont jamais données une fois pour toute mais sans cesse revisitées. En cette période de basculement économique, environnemental et social, cette recherche absolue de réponses radicales et rassurantes agite fortement notre monde commun et chacune de nos individualités. Ceci jusqu'à ce que nous ayons trouvé un nouvel équilibre en quittant ces héritages dépassés et à revisiter autrement, pour construire ensemble d'autres paradigmes, adaptés à notre époque si différente de ce que nous avons connu précédemment. Chaque période de transition est une période trouble et chaotique d'où peut éclore un véritable changement, une révolution de la pensée et en conséquence, de l'agir.
Mais sur ces bases anciennes plus ou moins identifiées, chacun s'est forgé par choix ou par pression-attirance de l'environnement, une structure de la pensée, comme une matière architecturale du processus d'élaboration intellectuelle et comportementale qui va s'exprimer dans tous les domaines de l'existence. Changer de référence, conduit donc à déconstruire son système mental auquel chacun est très attaché par conviction ou par habitude, et en reconstruire un autre ; ceci nécessite un choix conscient et parfois courageux.
Cette modernité de la pensée, séparée du religieux et de l'univers, et considérant l'homme comme puissance terrestre centrale, va conduire à tous les excès en croyances irréfutables de la science et donc progressivement à ce que nous vivons actuellement.
L'idée de suprématie de l'homme sur toute chose et l''évolution de la science ont permis des progrès énormes tout au long de l'histoire. L'être humain a pu continuer son évolution sous différents aspects de sa vie, notamment en sachant utiliser, mettre en pratique, ce qu'il découvrait scientifiquement. Il n'est donc pas question pour moi de bannir la science. Mais je m'interroge sur la place qu'elle a prise dans notre société. Les commissions éthiques s'interrogent par rapport à la morale mais elles ne s'interrogent pas sur les aspects néfastes et dangereux de tel ou tel procédé qui détruit l'équilibre naturel de tout vivant. Il faut d’autres instances créées sur la pression des peuples.[15] De plus, peu à peu la soi-disant vérité scientifique s'immisce dans tous les domaines y compris sur le champ politique ; elle commande aux gouvernants qui, de ce fait, perdent leur véritable fonction, celle de régulateurs des intérêts privés et collectifs, régulateurs de la vie ensemble. Ils s'appuient le plus souvent sur les outils scientifiques pour faire des choix de nature complexe qu'est la vie d'un peuple, d'une nation. Pourtant, de même qu'un individu n'est pas seulement un corps, un peuple ne peut se réduire à une analyse statistique. La fusion entre technique et politique entraîne systématiquement la domination et l'instrumentalisation du pouvoir, dangereux pour l'avenir de la Cité.
Autre conséquence l'uniformisation, la création scientifique de la norme. Auparavant, la norme était définie par la morale ou la croyance religieuse ; maintenant et depuis plus d'un siècle, ce sont les mathématiques, les statistiques qui désignent la normalité ou l'anormalité.
L'emprise de la science va se décliner également au niveau médical. Dans les temps anciens, le médecin était à la fois savant en biologie et médecine, mais aussi en philosophie et en astrologie. Son savoir regroupait les différentes sciences du corps, de l'esprit et de l'univers. C'est ainsi qu'il pouvait concevoir l'homme dans sa totalité. Le médecin était au service de la vie et de la santé et non centré sur la maladie. Chez les peuples premiers, l'homme était son propre médecin utilisant l'enseignement des anciens sur la qualité et le pouvoir des plantes et autres substances et si besoin, il pouvait avoir recours au chaman qui, par transe, était capable de pénétrer l'esprit du patient autant que les esprits de l'invisible et rétablir l'équilibre, source de bonne santé.[16]
En cette période de pandémie, nous voyons combien nous sommes très éloignés de cela. Le pouvoir d'une science allopathique et commerciale fait collusion avec le pouvoir gouvernemental et conduit à des extrêmes allant jusqu'à condamner ou interner des médecins prônant une autre pratique médicale tout aussi efficace. Démesure de la pensée unique, le pouvoir unique et le peuple qui demande toujours plus de sécurité (tout au moins celui qu'on interroge). Se manifeste de façon exacerbée cette dichotomie entre ceux qui gouvernent avec les soi-disant "savants"[17] et les autres qui n'ont plus qu'à se taire et obéir. Nous sommes dangereusement au bout de l'expression de nos racines culturelles : cette culture de la séparation ! Certains réagissent et en prennent conscience augmentant ainsi le nombre de ceux-celles qui attendent et œuvrent pour une nouvelle société. Nous ne pourrons pas échapper, tôt ou tard, à ce changement : construire de nouvelles références pour vivre dans une société équilibrée alliant unité sur des valeurs et pluralité-complémentarité des idées et des conditions.
C'est ainsi que peu à peu, la réalité humaine du peuple, de la nation s'est émoussée et a fait place à ce concept de société, mot apparu vers la fin du XIXème siècle tel que nous le connaissons aujourd'hui, pour étudier l'évolution et l'organisation des communautés de vie (village, ville, Etat). Le sens premier était davantage lié aux individus eux-mêmes, exemples : société patriotique, société philanthropique, de savants, etc. ou être "en société" lors des rencontres dans les salons aristocratiques. Bossuet en 1670 (Duchesse d'Orléans) la décrit comme « communauté des êtres humains, unis par leur nature et par les lois de la vie collective ». Depuis, derrière ce mot, se véhicule un changement de regard, plus distant, rendant les individus plus anonymes pour mieux les étudier dans leur masse. Parallèlement, l'organisation sociale devient plus complexe et les gouvernants cherchent à répondre aux problèmes posés par l'évolution industrielle et l'évolution des mœurs et des pensées. Comment contenir ce que l'on a du mal à connaître et à maîtriser ? La science intervient donc avec l'apparition des études statistiques. Se perd alors la signification du politique. Ce n'est plus l'espace de débat pour rechercher "le beau et le bon" pour l'ensemble, ça devient recherche du bien et gestion des problèmes et de la population avec force de multiples lois.
«Être politique, vivre dans une polis[18], cela signifiait que toutes choses se décidaient par la parole et la persuasion et non pas par la force ni la violence. Aux yeux des Grecs, contraindre, commander au lieu de convaincre étaient des méthodes pré-politiques de traiter les hommes : c'est ce qui caractérisait la vie hors de la polis, celle du foyer et de la famille, dont le chef exerçait un pouvoir absolu, ou celle des empires barbares de l'Asie, dont on comparait le régime despotique à l'organisation familiale. La raison est que l'autorité absolue, incontestée d'une part, et d'autre part le domaine politique proprement dit, s'excluent mutuellement.
Si l'on a mal compris le politique, si on l'a assimilé au social dès que les termes grecs ont été traduits en latin, dès qu'on les a adaptés à la pensée romano-chrétienne, la confusion n'a fait qu'augmenter dans l'usage moderne et dans la conception moderne de la société.
L'apparition du domaine social qui n'est, à proprement parler, ni public ni privé, est un phénomène relativement nouveau, dont l'origine a coïncidé avec la naissance des temps modernes et qui a trouvé dans l'Etat-nation sa forme politique.
Dans nos conceptions, la frontière s'efface (entre public et privé) parce que nous imaginons les peuples, les collectivités politiques comme des familles dont les affaires quotidiennes relèvent de la sollicitude d'une gigantesque administration ménagère. La réflexion scientifique qui correspond à cette évolution ne s'appelle plus science politique mais "économie nationale", "économie sociale" et il s'agit là d'une sorte de "ménage collectif" ; nous appelons "société" un ensemble de familles économiquement organisées en un fac-similé de famille supra-humaine, dont la forme politique d'organisation se nomme nation. »[19]
La dérive de l'action politique et l'excroissance du matérialisme conduit à ce que nous connaissons aujourd'hui : la poursuite incessante de solutions techniques pour résoudre les problèmes de survie, ou de vie décente, de la population. Chacun veillant, comme dans une fratrie, à ne pas être lésé par rapport aux autres.
« La société est la forme sous laquelle on donne une importance publique au fait que les hommes dépendent les uns des autres pour vivre et rien de plus ; c'est la forme sous laquelle on permet aux activités concernant la survie pure et simple de paraître en public.
La société constitue l'organisation publique du processus vital. »[20]
Le sens commun disparait. Comme a disparu notre relation à la terre, nous ne savons plus rencontrer l'autre, les autres en tant que co-créateurs de ce qui fonde notre vie ensemble, l'exercice d'une "vie bonne", digne d'être vécue. « La "vie bonne" - celle du citoyen, selon Aristote - n'était donc pas meilleure, plus libre, plus noble que la vie ordinaire, elle était d'une qualité absolument différente. Elle était "bonne" dans la mesure où, maîtrisant les besoins élémentaires, libéré du travail et de l’œuvre, dominant l'instinct de conservation propre à toute créature vivante, elle cessait d'être soumise aux processus biologiques. »[21]
À cette évolution vers la société de masse se superpose l'avènement de la société de consommation avec des effets de réciprocité entre elles. Les citoyens, le peuple, se transforment en individus consommateurs particulièrement depuis ce que nous appelons les "Trente Glorieuses". Dans le même temps et surtout depuis la chute du mur de Berlin en 1989, nous assistons à l'effondrement progressif des grandes idéologies. Les repères qui structuraient la vie collective nationale disparaissent peu à peu comme s'effrite la notion de classes puisque chacun peut accéder à l'achat de la voiture, de la télévision et autres possessions quoiqu'avec différents niveaux de vie. À la notion de classe se substitue la différenciation selon le pouvoir d'achat ; la société de consommateurs se catégorise non plus selon l'identité et le statut social, ouvrier, employé, chef d'entreprise, etc. mais selon l'accès aux biens marchands avec des critères statistiques : "je suis" riche, pauvre ou dans la classe moyenne, de loin la plus importante mais avec des contours mal définis et sans cesse fluctuants. La classe moyenne basse pouvant tomber à tous moments dans la catégorie pauvre et, de la même façon la frontière entre classe moyenne haute et riche est très floue !
Personne n'a mesuré suffisamment les effets possibles de ces évolutions sur l'appréhension des "affaires humaines" c'est-à-dire sur les conséquences au niveau de la perception du domaine public et donc du champ politique. Il n'y a plus d'identification de classe, l'identité de chacun se fait selon le seul critère du pouvoir d'achat ; de plus, la possession est un acte complètement individuel jusqu'à présent. Les autres disparaissent comme disparait le sentiment d'appartenance à un collectif cohérent. Autre élément, le rapport à l'argent et au pouvoir consommer est très subjectif et conditionné par l'histoire personnelle de chacun. On remarque effectivement une différence entre être pauvre ou riche et se sentir pauvre ou riche. Le pouvoir d'achat revendiqué par les gilets jaunes et lors du convoi de la liberté le manifeste : la plupart, issu des classes moyennes, revendique de pouvoir consommer davantage. Mais, mise à part le seuil de pauvreté facile à calculer, quelle est la limite estimée collectivement du bien vivre pécuniairement et sur quels critères ? Comment déterminer ce qui est indispensable, nécessaire, utile ou superflu pour vivre "bien" et est-ce à l'Etat d'y pourvoir et jusqu'où ? Posséder un camping-car ? Aller au restaurant tous les mois, toutes les semaines ou le considérer comme un luxe donc une fois par an ? Partir en vacances une semaine ou cinq semaines par an ou tous les deux ans ? au théâtre, au cinéma ? ? Chacun revendique ce qu'il estime nécessaire et juste pour lui ; alors plus rien ne rassemble collectivement de façon transcendantale, c'est-à-dire au travers du commun, de ce qui nous est commun et que nous partageons au-delà des conditions individuelles.
Les gouvernants, les partis politiques, même les syndicats sont tombés dans le piège et ne savent plus définir ce qui est vraiment commun. Ils ne savent pas comment en sortir, ni comment nous sortir collectivement de cette impasse. Ils sont désemparés - dé-emparé, sans parents - car pétris des anciennes conceptions intellectuelles qui ne sont plus adaptées aux circonstances actuelles et qu'ils n'ont pas du tout anticipées, ils ne savent pas à quelle source se rattacher. Les idéologies anciennes n'étant plus efficientes, la déliquescence se vérifie tant dans les partis politiques de gauche que de droite, ne restent à s'exprimer que les extrêmes populistes et le parti des travailleurs ne fait pas recette. C'est la fin de l'héritage culturel commun mis en action ; les bases ont changé, de nouvelles fondations n'ont pas été reconstruites, tout s'ébranle. La conception historique du progrès plaçait au centre l'intérêt de la vie et donc la satisfaction des besoins. Or, confondre citoyenneté et satisfactions des besoins est une sorte d'esclavage, plus rien ne compte que les besoins matériels si justifiés soient-ils et cela ne relève pas du domaine public.
Paradoxalement, cette revendication, individuelle mais énoncée à plusieurs, pourrait être une opportunité. En effet, cette requête quant à la baisse du pouvoir d'achat qui limite les possibilités de vivre bien, trouve un écho dans les manifestations contre l'obligation du pass vaccinal et les mesures sécuritaires aliénant la liberté d'aller-venir, sortir, rencontrer d'autres personnes, se cultiver. Cette conjonction permettrait d'entrevoir des issues possibles à partir de l'exigence commune de liberté.
Les manifestations contre le vaccin et le pass vaccinal dénoncent le principe de sécurité exacerbé lors de cette crise sanitaire et appliqué avec une autorité extrême Ceci crée un nouveau clivage social : ceux qui se soumettent par peur, de la maladie, de la mort ou des amendes, ou pour suivre aveuglément le "chef", et ceux qui estiment garder le droit de discernement et de choix (principe fondamental d'une démocratie) quant aux modes de soins. Est revendiquée la liberté de disposer de son corps, seul bien propre que nous ayons véritablement. Le gouvernement a joué la facilité en les dénonçant comme activistes extrémistes et complotistes car, même s'ils existent, ils ne forment qu'une infime minorité face aux nombreux citoyens silencieux mais convaincus du bien-fondé de leur choix. Se pose également de façon cruciale, la question de pouvoir participer en tant que citoyens aux décisions qui concernent l'ensemble. Ces mouvements, considérés comme marginaux et organisés par des minorités, sont de fait, le ferment probable d'un renouveau. Ils interrogent avec véhémence les politiques Après des décennies où la liberté a été oubliée au profit de l'égalité, puis au profit de la sécurité (suite aux attentats et la crise sanitaire) le temps est peut-être venu de reconsidérer l'essence des fondements de la démocratie dont la liberté est le premier socle. Serait-ce le retour du politique ? Le signe que la vie ne cesse de traverser notre société pour aller vers un avenir plus noble ? Après le désir excessif à l'accès des biens matériels se dessine aujourd'hui un autre désir, être citoyen à part entière dans une nouvelle expression démocratique. Redonner sens à ce qui est commun et à la place de chacun. Retour aux origines après des siècles d'errance ! Mais, peut-être passage obligé pour une véritable évolution de l'humanité … Se confronter à toutes les dérives pour les connaître, les reconnaître et s'en défaire à jamais. Nietzsche disait "Tout devenir est une émancipation coupable", car toute déchirure fait la profondeur de la conciliation. Cela suppose de quitter les habitudes intellectuelles et comportementales du passé tout en se réancrant dans l'héritage des "anciens" et d'imaginer ensemble une nouvelle société d'êtres humains et citoyens. Il est sans doute temps d'imaginer un nouveau destin collectif, co-construire une nouvelle transcendance. Avoir des gouvernants et des citoyens attachés à tisser les liens entre les hommes plutôt que de les protéger. Quitter la société au sens de communauté d'intérêts pour choisir sur les traces d'Aristote, le bonheur de la Cité et le bien vivre ensemble entre hommes libres et égaux.
Nicole
16 fév. 22
[1] Michel Foucault, Histoire de la sexualité III, le souci de soi, Ed. Gallimard, Coll. Tel, 1997.
[2] Platon, La république, Ed. GF - Flammarion
[3] Notons également une interprétation erronée car incomplète de la participation des citoyens Grecs à l'Agora. Les femmes et les esclaves y sont exclus non pas en tant que tels mais parce qu'ils sont chargés des tâches indispensables de survie. Être citoyen suppose d'être détaché de la nécessité de survie (donc des intérêts particuliers privés) pour ne pas entacher le débat public concernant la Cité. Nous y gagnerions beaucoup à réintroduire et appliquer cette éthique dans les différentes institutions de pouvoir ! Cf. article : La pensée et l'acte sur ce site.
[4] Aristote, Les Républiques, chapitre VI, GF Flammarion,
[5] Platon, République, V.
[6] Aristote, Politique, II.
[7] Hegel, Leçons sur l'histoire de la philosophie, Ed. Vrin, 1971, Trad. P. Garniron
[8] D'où l'exigence de repenser l'urbanisme et la diversité de l'habitat et donc des habitants dans un même quartier
[9] Hannah Arendt, Condition de l'homme moderne, Ed. Pocket - Calmann-Lévy, Coll. Agora - 1994
[10] "Ce n'est pas que les peuples dont l'état social est démocratique méprisent naturellement la liberté ; ils ont au contraire un goût instinctif pour elle. Mais la liberté n'est pas l'objet principal et continu de leur désir ; ce qu'ils aiment d'un amour éternel c'est l'égalité ; ils s'élancent vers la liberté par impulsion rapide et par efforts soudains, et, s'ils manquent le but, ils se résignent ; mais rien ne saurait les satisfaire sans l'égalité, et ils consentiraient plutôt à périr qu'à la perdre." Tocqueville, De la démocratie en Amérique, 1835-1840
[11] Hannah Arendt, Ibid.
[12] Descartes, Discours de la méthode, Librairie Générale Française, Le livre de poche, 1973
[13] Ne serait-ce pas une des raisons qui empêche en France la reconnaissance des médecines holistiques dont l'homéopathie, reconnues dans d'autres pays d'Europe ?
[14] Jacques Rancière, Le maître ignorant, Fayard, coll. 10-18, 2004
[15] Un nouveau positionnement se fait jour, visible notamment au travers du rapport parlementaire sur Évaluation des politiques publiques et santé environnementale, du 16 décembre 2020.
[16] Il est intéressant de constater qu'actuellement, dans cette époque tourmentée où nous vivons, les chamans, dits modernes, sont de plus en plus nombreux et contribuent au retour d'équilibre de ceux qui cherchent à sortir de notre impasse moderne et de ce monde chaotique, notamment en retissant le lien avec le présent et les mémoires anciennes, avec le visible et le non visible.
[17] Précision : les membres du conseil scientifique lié au Covidc19, ont été cooptés. Ceux-ci se sont désignés comme seuls habilités à donner l'information excluant de réels avis scientifiques autorisés comme des agences indépendantes dont les missions sont régies par le code de la santé publique - Santé publique France, qui avait géré la crise précédente de la grippe, la Haute Autorité de santé (HAS) et le Haut Conseil de la santé publique (HCSP). De plus, ils ont créé des modélisations mathématiques sans bases techniques suffisamment fiables. Cf. audition de Alice Desbiolles au Sénat le 8 fév. 22.
[18] Polis, terme grec signifiant la cité au sens de communauté de citoyens libres et autonomes formant le corps social, indépendamment de l'organisation administrative.
[19] Hannah Arendt, La condition de l'homme moderne, Ed. Pocket - Calmann-Lévy, Coll. Agora - 1994
[20] Ibid.
[21] Ibid.