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White Sand and Stone

Mon parcours

 Je m’aperçois aujourd’hui que dans ma vie personnelle, professionnelle et militante (syndicale, associative puis politique), j’ai toujours été indomptable de par ma méfiance à l’égard des pensées toutes faites, sensible aux incohérences et aux conditionnements divers, également de par ma curiosité et mon esprit critique.

  J’ai aussi la chance, ce qui m’a régulièrement desservie pourtant parce que mal compris et repoussé, d’avoir une perception affinée des personnes et des situations et une vision à long terme avec ce qu’on appelle une pensée globale ; c’est-à-dire qu’un événement est toujours perçu, analysé, non pas seulement en lui-même mais dans tout son environnement factuel, historique, culturel, etc. Rien n’arrive par hasard, tout est en synergie.[1]
 

  De ce fait, j'ai toujours éprouvé la question du pouvoir, de l’autorité, de la liberté, et en conséquence la marge de liberté et d’initiative possible se situant dans ce que j'appelle l'interstice. Mes choix professionnels sont, entre autres, la suite logique et l’expression concrète de ces questions primordiales pour moi. Je n’ai cessé d’aider puis accompagner des personnes et des groupes à trouver leur juste place en se retrouvant eux-mêmes, en abandonnant les projections et les injonctions multiples ; sortir aussi des représentations qu’ils se faisaient d’eux-mêmes. Comme je l'ai fait également pour moi-même et que je poursuis.

 

  Assistante sociale, dans un premier temps j'ai aidé la personne ou la famille à vivre décemment et à trouver les modes relationnels lui permettant l'accès aux institutions diverses et l'inscription à minima dans une vie sociale normale. J'avais alors une vision assez précise de ce qu'était la normalité et j'indiquais à l'autre ce qu'il devait faire, réalisant ainsi la mission que m'avait donné la société et suivant aussi les principes reçus dans mon éducation.


J'étais au niveau concret de leur vie, dans le soin de la maladie sociale et psychologique. Très vite, amorcé déjà lors de mes études, j'ai perçu que cette attitude n'était pas suffisante. La multiplicité et la complexité des situations vécues par les personnes me conduisaient inexorablement à la notion de relativité et à la nécessaire adaptation de l'analyse et des moyens à mettre en œuvre. Chacun a sa place, avec ses atouts et ses faiblesses, l'essentiel étant qu'il souffre le moins possible et trouve un minimum d'équilibre pour lui-même. De la nécessité d'intégration à la société telle que voulue par cette dernière, je considérais davantage l'évolution de la personne, de ses désirs et des moyens qu'elle choisissait elle-même. Je quittais progressivement l'aide pour venir à ce terme initial d'assistance, au sens d'être assistant de quelqu'un et non rendre l'autre assisté, puis devenir accompagnatrice. Accompagner des personnes et des groupes ; leur permettre de prendre ou redécouvrir la confiance en eux, établir une relation plus sereine avec autrui et les institutions ; en fait, revenir à la part de soi plus apaisée, cette partie cachée ou ensevelie.

  Ce changement de pratique sous-tendu par un changement de positionnement et de posture, s'est fait peu à peu, au fil des expériences et en lien avec mon évolution personnelle. Des événements douloureux m'avaient déstabilisée profondément et me conduisaient à tout réinterroger. J'ai alors repensé la vie différemment ; j'ai fait des choix plus clairs et aussi j'ai pris soin de moi. Je remercie ici les personnes et les thérapeutes qui m'ont aidé à différentes périodes.

 

  Le travailleur social, quel qu'il soit, "marche sur un fil", le border line, cet espace infime qui se situe entre l'individu et la société, et tout en étant lui-même à la bonne présence-distance de la personne ou du groupe. L'individu ne devant pas tout attendre de la société ou d'une personne ; la société ou l'aidant ne devant pas absorber l'individu. Ni assimilation, ni exclusion, trouver le lien le plus adéquat possible. L'acteur social est alors un passeur, un facilitateur. Celui-celle qui permet aux deux rives de se rencontrer. Ceci est tout à fait transposable pour l'intervention auprès d'un groupe telle une équipe de travail dans une entreprise. Retrouver les fondements de sa mission, sa place et sa participation à l'activité de l'entreprise sans perdre les fonctions essentielles de son métier.

 

  Lorsque j'ai écrit le livre "Chemin faisant … la Vie"[2], je ne souhaitais pas raconter ma vie. Je m'attachais surtout à décrire un parcours. J'avais ainsi pris conscience de façon plus précise de ma ligne de vie ; comment les événements, les rencontres, mes réactions signifiaient le chemin. Les obstacles, les épreuves, les passages à vide comme les passages du gué, les découvertes, révélaient malgré tout, ma force de vie et me propulsaient plus avant et toujours dans la même direction. Je vérifiais que, au fur et à mesure que je "grandissais", (c'est-à-dire que je m'éloignais du personnage imposé et accepté que j'avais construit avec les influences diverses), je m'approchais de Moi et dans une continuité, comme si je suivais le fil rouge de mon existence. Sans savoir où cela me conduisait, je me sentais pourtant rassurée car je gardais le cap. J'allais sans savoir où, je connaissais juste la direction, portée simplement par mon intuition et ma détermination. Aujourd'hui, avec tout ce temps passé, ces expériences engrangées, je perçois et je comprends toute la cohérence de ce cheminement. J'entrevois la destination, sans doute y aura-t-il d'autres étapes et je m'en réjouis. Je suis restée fidèle à cette mission d'évolution, j'en saisis tous les aspects et je connais les mécanismes qui freinent ou qui conduisent à cela ; ce qui a fait naître ce souhait de partage avec vous.

 

[1] Cf. Edgar Morin, Science avec conscience, 1982, Ed. Fayard, Introduction à la pensée complexe, 1990, Ed. Le Seuil, Penser global, L’humain et son univers, 2015, Ed. R. Laffont

[2] Chemin faisant … la Vie, le sens du présent et la quête d'advenir, Ed. La Mouette, Sète, 2010

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