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Les champs de pissenlit

Le féminin de l'être - Incidences sur nos relations et sur la société

  • Photo du rédacteur: Nicole
    Nicole
  • 11 déc. 2022
  • 5 min de lecture

Dernière mise à jour : 22 déc. 2022


Les Éditions Guilhem viennent de publier : Dhuoda, belle-fille de St Guilhem, et autres femmes d'exception au Moyen Âge, écrit par cinq médiévistes de renom[1]. Cela me conduit à ces pensées toutes faites et souvent erronées, à propos du Moyen Âge et aussi à propos de la place des femmes. Nous avons tendance à croire que, dans les temps anciens, c'était pire que maintenant ; mais peut-être que la situation était quasi identique, parfois même meilleure dans certains lieux[2]. À différentes époques, des femmes de talents ont influé la société tant au niveau du pouvoir politique qu'au niveau scientifique, intellectuel ou artistique. Nous le savons et pourtant notre imaginaire collectif se maintient toujours autour de l’homme puissant et dominateur et de la femme soumise voire victime. Ainsi, beaucoup d'entre nous continuent de s'insurger sur le pouvoir trop prépondérant des hommes qui s'exerce encore aujourd'hui certes. Mais refusant la différence par principe, se clame et se réclame l’égalité absolue. Pour moi, la question de l'égalité des sexes et de la parité n'est qu'un faux problème. Une fois de plus, on s'attaque au symptôme et non à la cause profonde, vouloir changer les choses sans les analyser et comprendre leurs fondements.


L'évolution de notre société depuis le Moyen Âge, en passant par la Renaissance et le siècle des Lumières savait garder contact avec le sensible et le subtil. Mais peu à peu a été mis en exergue le pouvoir de la logique - pouvoir du mental et de l'intellect, de type masculin - au détriment du sensible et de l'intériorité, donc personnel et non reconductible, de type féminin - pouvoir du cœur et des sens y compris intuitifs. Aujourd'hui, plus que jamais peut-être, s'exerce cette confrontation avec un pouvoir démesuré de la logique mentale et intellectuelle, qui s’expose dans l’espace public alors qu’une évolution réelle et silencieuse est en marche vers plus de sensible (et non de sensiblerie qui est de l’ordre du mental). Paradoxalement, pour tout un chacun et dans les domaines où l'on attendrait plus de flexibilité et d'ouverture tels que le respect de la nature et des animaux et aussi la place des femmes, la distance se creuse entre ce qui s’affirme dans l’espace public et ce qui émerge dans l’espace intime des êtres mais non exprimé pour l’instant. Notre corps social se cherche et balance entre ces deux composantes avant de trouver son équilibre.


L'histoire raconte que dans des temps anciens, les sociétés étaient souvent matriarcales. Puis un jour, les hommes se sont rebellés et ont inversé la situation pour s'emparer du pouvoir. Mythe ou réalité ? Comme toujours une part de vérité en intégrant également des interprétations psychiques. En effet, l'homme à un moment de sa vie, a toujours peur d'être émasculé. Ce peut être par une mère autoritaire. Ce peut être aussi une mère trop idolâtrique envers son fils enfant projetant en lui ce qu’elle n’a pas pu faire et lui donnant ainsi le sentiment de toute puissance, s’effaçant elle-même. La multiplication des islamistes et leur influence posent cette question : pourquoi en vouloir tant aux femmes ? Le péché originel et la religion ne peuvent en être les seules réponses. Qu'ont-ils vécu dans leur enfance ? Quelles relations au sein de la famille et du clan ? Quels héritages ? Qu’en est-il de leur féminin intérieur pour le museler de la sorte ?

Ce peut être également par une mère qui favorise à l'enfant l'accueil de sa vulnérabilité et de sa sensibilité mais celui-ci prend peur car il oppose virilité, sentiment d'être un homme fort, et féminité. Il ne peut admettre l'alliance des deux au risque d'être une mauviette. L'enfant va alors lutter contre une partie de lui-même et cela va interférer dans la relation établie avec celle qui lui ouvre cette perspective considérée comme néfaste, lui qui a tant à prouver sa force et son pouvoir pour exister et trouver sa place ! Ceci d'autant plus si l'enfant est plongé par ailleurs, dans un contexte prônant l'autorité et la force masculine voire machiste.

Bien que connaissant cette difficulté pour y avoir été confrontée, il m'a fallu du temps pour comprendre en quoi cette attitude influençait considérablement le mode relationnel intra familial.

Ces mêmes questions se posent concernant les violences conjugales.


De la même manière, nous pouvons nous interroger sur ces manifestations ultra féministes. D'où vient ce désir exacerbé d'affirmation et de revanche au point d'aboutir à une forme d'agressivité et de provocation exagérée ? Quelle est l'origine personnelle plus que sociale qui conduit à un tel paroxysme ? Quelles luttes intérieures entre un féminin blessé et un masculin inexistant qui ne l’a pas protégée ou au contraire, un masculin tyrannique ? Là aussi s'exprime certainement l'angoisse viscérale de disparaître, de ne pas être vue ni reconnue, de ne pas exister. Mais, en tant que femme féminine ou en tant que femme masculine ? ? Femme de tête et de pouvoir comme les hommes ? Ou femme de cœur et d'esprit qui sait allier les deux parties d'elle-même pour le meilleur de l'humanité en développement ? comme ces femmes d’exception qui ont parcouru notre histoire au fil des siècles.

Je peux rappeler aussi le féminin extérieur caché par des vêtements, qu’est-ce qui est réellement invisibilisé ? Nous savons que le port du voile remonte à des cultures très anciennes et notamment pour être respecter en se différenciant de façon vestimentaire, des femmes du peuple régulièrement abusées sans vergogne par les puissants et ce, bien avant l’implantation de l’islam. Semblable aux femmes chapeautées il y a quelques siècles pas si lointain, façon de montrer une certaine distinction, dans les deux sens du terme, être distinctes et être élégantes.


Peu importe le choix de chacun, de chacune, l’essentiel est la conscience que l’on a de ses choix. Ceci afin de rechercher et accepter pour chacun de nous, homme, femme, enfant, la danse du féminin et du masculin au plus profond de soi pour vivre en harmonie avec nous-mêmes et donc avec les autres. Nous sommes à la fois Yin et Yang, comme tout ce qui est sur terre et dans l'univers. L'humanité s'en trouvera mieux quand nous aurons compris et actualisé cette réalité. L'opposition des sexes est en premier lieu l'expression de nos guerres intérieures et que nous avons à apaiser. La véritable puissance ne vient pas de l’extérieur, elle nait de la complétude de l’être. S'harmoniser en soi permet, par voie de conséquence, l'harmonisation de ce qui nous entoure et ainsi trouver la justesse dans la relation, qu’elle soit familiale ou sociale.

En cette fin d’année, peut-être est-ce le plus beau cadeau que nous puissions nous offrir et offrir à l’humanité.



Sète

11 déc. 2022

[1] Martin Gravel, Jean Meyers, Claudie Duhamel-Amado, Emmanuelle Santinelli-Foltz et Danièle Iancu-Agou « Dhuoda, belle-fille de St Guilhem, et autres femmes d'exception au Moyen Âge », Ed. Guilhem, St Guilhem le Désert, 2022 [2] Référence à Annick de Souzenelle, « Le Féminin de l’Être, Pour en finir avec la côte d’Adam » Ed. Albin Michel, coll. Spiritualités vivantes, Paris,1997




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